Angelina prend son envol chez Lauak

Incursion instructive en plein cœur du Pays Basque à Hasparren dans le département des Pyrénées-Atlantiques, sur l‘un des sites du Groupe Lauak, adhérent du Geiq des Industries Technologiques d’Aquitaine. On y retrouve Angelina, jeune quadra énergique qui, depuis juin 2023, suit une formation particulière, interne à Lauak. Dans ce contexte, la formule du dispositif Geiq est nouvelle pour cette entreprise. Devenue l’une des actrices majeures de la sous-traitance aéronautique, ses besoins en personnels qualifiés sont conséquents.

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Telle une abeille à l’œuvre sur une fleur, Angelina tape, perce, rivette et assemble des myriades de petites et grandes pièces, apportant ainsi sa contribution à la fabrication d’avions militaires ou civils, selon les commandes à honorer, suivant à chaque fois des process bien précis. « On suit une notice, un peu comme un jeu de Lego, ou encore le montage d’un meuble IKEA ! », image-t-elle, tout en se concentrant sur une de ses multiples tâches, dans la carcasse métallique qui se présente à elle.

Après six mois passés dans l’entreprise basque Lauak (prononcer Laouak), Angelina compte, à 43 ans, stabiliser sa carrière professionnelle, après avoir exercé de multiples métiers. Dans ce qui s’apparente presque plus à une conversion à l’aéronautique qu’à une reconversion pro, elle est accompagnée par le Geiq des Industries Technologiques d’Aquitaine. « Angelina n’est pas représentative de nos habituels parcours, puisqu’elle nous a été envoyée par l’entreprise Lauak avec qui elle était déjà en contact depuis quelques temps », expose Vincent Boucher, chargé de mission du Geiq. De fait, Angelina avait participé quelques mois auparavant à une visite d'entreprise dans le cadre d'une opération portes ouvertes. « La visite m’avait bien plu, le contact également, et j’ai quasiment dans la foulée débuté une formation au sein de l’entreprise. Malheureusement, après trois semaines, j’ai été contrainte d’arrêter : étant alors encore bénéficiaire du RSA, j’avais besoin de gagner de l’argent… », retrace Angelina qui, finalement, sera envoyée vers le Geiq dans l’optique de signer un contrat de professionnalisation afin d’être rémunérée pendant son travail.

Par le passé, après une formation comme prothésiste dentaire, « un milieu d’hommes très fermé dans lequel je ne me sentais pas à ma place », Angelina a embrayé sur un job dans la grande distribution : « Dix ans comme hôtesse de caisse puis stagiaire adjointe. J’en suis partie de moi-même, parce qu’il y avait peu de possibilités d’évolution. » Alors, durant des années, elle enchaîne les boulots : agent de service hospitalier, vendeuse de vêtements, mais aussi de décorations ou de matériels de bricolage ; période marquée par l’arrivée de deux enfants dans le foyer familial.

Un Geiq qui mise sur l'accompagnement

« Tout a démarré dans les années 2000 avec la création du Geiq BTP des Landes et Côte Basque. Par la suite, d'autres structures ont émergé et A LUNDI est né. C’est un ensemblier qui regroupe deux groupements d’employeurs et trois Geiq (BTP, Industrie et Interpro), avec 320 entreprises adhérentes dont une soixantaine du secteur de l’industrie. Au global, ce sont 490contrats qui sont signés chaque année, pour 220 équivalents temps plein et 32 salariés qui les accompagnent », détaille Vincent Boucher, qui tient à mettre en évidence le Service Hors Emploi (SHE). « A LUNDI permet de sécuriser les parcours des salariés embauchés sur notre ensemblier. En effet, les chargés d’accompagnement ont pour mission de rencontrer l’ensemble des salariés embauchés afin d’effectuer un diagnostic social puis, le cas échéant, de définir un plan d’accompagnement avec le salarié. » Ainsi, le SHE intervient sur des problématiques récurrentes, notamment le logement et la mobilité en lien avec les partenaires locaux. En parallèle, A LUNDI a également fait le choix d’apporter des solutions directes en tant qu’employeur en investissant dans une petite flotte de véhicules et en allant chercher des partenariats pour avoir quelques logements. « Le SHE a pour objectif d’amener les salariés vers une autonomie suffisante face aux différentes démarches auxquelles ils peuvent faire face. Cet accompagnement vers l’autonomie englobe un certain nombre de thématiques comme la santé, la mobilité, le logement ou encore l’administratif de manière générale : de la déclaration d’imposition à la souscription d’une assurance. » Un accompagnement pour le moins très complet.

« Le statut d’Angelina est particulier puisqu’elle est formée directement en interne par l’entreprise. Elle a signé son contrat le 5 juin 2023, pour un an, et sera évaluée par un jury en action sur son poste de travail, ce qui lui permettra d’obtenir son Certificat de Qualification Paritaire de la métallurgie, en tant qu’ajusteuse-assembleuse de structures aéronefs », détaille Vincent Boucher, montrant par là même la grande flexibilité de son Geiq, capable de s’adapter en fonction des situations. « En fait, le partenariat avec Lauak est assez récent. Il a fallu bien faire comprendre notre fonctionnement et ce qui en découlait en termes d’engagement. Les entreprises ont le réflexe de recourir à l’intérim pour satisfaire leurs besoins de main-d'œuvre. Là, l’approche est bien différente. L’entreprise nous a testés, avec succès, et notre partenariat va monter en puissance, d’autant que Lauak a d’importants besoins en personnels », poursuit Vincent Boucher.

Propos corroborés par Bénédicte Bertrand, chargée de communication du groupe Lauak : « Notre secteur a été fortement impacté par la crise du Covid et, en fait, la reprise d’activité a été bien plus rapide et forte que nous ne l’imaginions, et ce dès 2021. Cela a été brutal et nous devons affronter des difficultés de recrutement, notamment dans deux métiers en forte tension : montage et chaudronnerie. Donc travailler avec le Geiq est une des manières de pouvoir répondre à cette problématique et, effectivement, cela demande plus d’implication de notre part, notamment pour l’intégration et le suivi du salarié tout au long du parcours. » Un fonctionnement tripartite gagnant pour chacun.

D’ailleurs, ça semble planer pour Angelina dans son nouveau job : « J’ai toujours aimé bricoler. Et puis du côté de ma belle-famille, on travaille chez Airbus, juste à côté de là où j’ai grandi. Alors me retrouver aujourd’hui chez Lauak, c’est cohérent, presque logique. Je m’y sens bien et, d’ailleurs, j’essaie d’y attirer mon mari ! », conclut-elle en rigolant.

Lauak, acteur majeur de la sous-traitance aéronautique

Tôlerie, chaudronnerie, usinage, tuyauterie, mécano-soudure, assemblage de pièces pour l'industrie aéronautique... Fondé en 1975 sous le nom d’Eskulanak par son actuel co-gérant, Jean-Marc Charritton, le Groupe Lauak fournissait des pièces de chaudronnerie à Dassault Aviation. Aujourd’hui, il est l’un des principaux sous-traitants de réalisation de pièces primaires, de sous-ensembles et d’ensembles pour l’industrie aéronautique. Au départ implanté à Hasparren, le Groupe Lauak s’est construit au fil des années par différents rachats et la création de nouvelles usines. Il compte désormais dix implantations à l’international : en France, au Portugal, au Canada, au Mexique et en Inde. Aujourd’hui, le groupe emploie 1700 collaborateurs et dispose de 90 000 m² de locaux.

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