Geiq Petite Enfance Animation, premier Geiq de ce secteur créé en France

Le vertueux principe des Geiq gagne de plus en plus de branches professionnelles, avec toujours la même philosophie : recruter, former et accompagner des personnes éloignées de l’emploi.

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Cet entretien a été réalisé dans le cadre de la troisième édition du magazine La plus belle façon d'embaucher.

 

 
 

À Lille et Roubaix (59), des salariés sont ainsi formés pour travailler en crèche, avec pour objectif l’emploi durable ! Entretien avec Samir Amor Teba, directeur de Lillomômes, entreprise adhérente du Geiq Petite Enfance Animation, qui a porté sa création voilà deux ans.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, ainsi que les crèches que vous dirigez ?

Samir Amor Teba : Volontiers. Avant de fonder ces crèches, j’ai durant une trentaine d’années dirigé un réseau de formation et d’insertion, dans le domaine du nettoyage du bâtiment. Ensuite j’ai donc créé les crèches Lillomômes, à Lille et Roubaix. Celle de Lille emploie 23 salariés, pour 51 places, celle de Roubaix est un peu plus petite, avec 12 salariés pour 30 places. Nos crèches ont la particularité d’être labélisées par la CAF et Pôle emploi comme organisme à vocation d’insertion professionnelle, ce qui exige de réserver des places en crèche à des parents éloignés de l’emploi, qui peuvent ainsi se consacrer à leur réinsertion professionnelle pendant que leur enfant est pris en charge par la crèche. Nous avons d’ailleurs, en interne, une chargée de mission insertion qui est là pour les accompagner.

 

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer un Geiq dans le secteur de la petite enfance ?

Samir Amor Teba : Par mes anciennes activités, je connaissais bien les Geiq, puisqu’elles concernaient le bâtiment, un des secteurs historiques des Geiq. Dans la petite enfance comme dans bien des branches, nous souffrons de problèmes de recrutements de personnes qualifiées, avec aussi beaucoup de turn-over, d’absences, de congés maladie… Le marché est en forte tension. Avec d’autres structures autour de Lille qui rencontraient les mêmes difficultés, il fallait tenter de trouver des solutions, d’où l’idée de créer un Geiq. Nous avons besoin de former et de qualifier notamment sur le diplôme de base mais obligatoire pour travailler en crèche : l’AEPE, soit l’Accompagnement Éducatif Petite Enfance, plus connu avant sous l’appellation CAP Petite enfance. En décembre 2019, je soumets cette idée à la Fédération Française des Geiq, qui la trouve très intéressante, pertinente. Un comité de pilotage est alors créé, avec une très belle réactivité et une grande volonté institutionnelle, notamment de la part de l’État. En six mois tout était réglé, mis sur pied, et la première promotion accueillait ses élèves dès la rentrée de septembre 2020.

 

Quelle est la spécificité de votre Geiq ?

Samir Amor Teba : La formation se fait en une année scolaire, et non sur deux comme ce devrait être le cas, avec un rythme de quatre jours en entreprise et un jour de formation, chaque jeudi, où tous les cours sont condensés. Cela permet de former des personnes en 10 mois, qui passent, pour être diplômées, un examen écrit et oral, et doivent rendre un rapport de stage. Pour la partie professionnelle, les quelque 20 personnes sous contrat annuel sont dispatchées dans les crèches de la dizaine d’adhérents que compte aujourd’hui notre jeune Geiq.

 

La réussite semble être au rendez-vous, d’après le bilan des deux premières promotions ?

Samir Amor Teba : Les parcours semblent correspondre aux attentes des employeurs puisqu’une majorité des salariés ont été recrutés en emploi durable. Certaines personnes choisissent même de poursuivre leur qualification afin d’obtenir le diplôme supérieur, celui d’auxiliaire de puériculture, et nous les accompagnons selon le même principe, en alternance, avec une tutrice dédiée. Les personnes effectuent la partie professionnelle dans une crèche adhérente au Geiq, avec là aussi d’excellents résultats. La demande est très forte, pour intégrer notre dispositif, trois à quatre fois supérieure par rapport à notre capacité d’accueil… Il nous faut donc opérer une sélection, par le biais d’entretiens individuels.

 

Quel bilan tirez-vous de cette expérimentation qui s’est transformée aussitôt en succès ?

Samir Amor Teba : D’abord une expérience très intéressante, enrichissante à tous points de vue, aussi bien humain que professionnel. Avec ce système que nous avons mis en place, nous parvenons à résoudre deux problématiques : celle des crèches ayant des soucis de personnel compétent et celle de gens éloignés de l’emploi qui peuvent ainsi réintégrer le milieu socio-professionnel, avec un CDI à la clé. Gagnant-gagnant. D’ores et déjà, nous sommes sollicités par des crèches des régions Sud-PACA ou Bretagne, qui regardent comment nous faisons. Et comme chaque Geiq a une vocation territoriale, les services de l’État des Hauts-de-France nous ont demandé de développer ce dispositif sur le territoire d’Amiens.

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