« Sur les quatorze personnes que ECCS a accueillies via le Geiq, deux sont devenues chefs d’entreprise »

François Le Gaffric est responsable de l’agence du Château d’Olonne (Vendée) au sein de l’entreprise ECCS, spécialisée dans les secteurs de l’électricité des bâtiments, de la plomberie et de la marine.

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Cette interview a été réalisée dans le cadre du magazine La plus belle façon d'embaucher, créé à l'occasion de la 5ème édition de l'événement "3 jours avec les Geiq".


Fondée en 1977, ECCS est une société coopérative et participative (SCOP) particulièrement engagée en matière de formation. En moyenne, 10 % de ses 300 salariés suivent un parcours d’apprentissage. ECCS est adhérent au Geiq BTP 85 depuis sa création en janvier 2007. Au total, 14 personnes ont été salariées en alternance chez ECCS via le Geiq. Embauché dans cette entreprise en 1987, François Le Gaffric revient sur son parcours, les relations qu’il tisse avec le Geiq et le rôle du tuteur dans l’accompagnement des personnes qui bénéficient de ce dispositif.

Quel est votre parcours professionnel ?

François Le Gaffric : J’ai 54 ans et je suis responsable de l’agence et du secteur électricité de l’entreprise ECCS au Château d’Olonne [ndlr : qui a fusionné depuis peu avec la ville des Sables d’Olonne]. J’ai obtenu un CAP-BEP d’électricien d’équipement puis j’ai passé un bac F3 en 1985. Après mon service militaire, j’ai été embauché en 1987 chez ECCS. J’ai donc plus de 33 ans de « boite » aujourd’hui ! J’ai d’abord été ouvrier pendant neuf ans puis je suis passé au bureau d’études. Ensuite, j’ai été chargé d’affaires et responsable d’agence. Je me considère comme un homme de terrain, issu du terrain. J’ai une vision proche de mes effectifs au quotidien. J’ai connu le Geiq avec Nathalie Mantovani, aujourd’hui directrice du Geiq BTP 85, lequel a été créé en janvier 2007 avec entre autre la participation active de  Jean Yves Le Goff, PDG d’ECCS à l’époque, qui participait aux conseils d’administration du Geiq. Dès sa création, nous avons voulu intégrer des personnes qui étaient en difficulté de parcours grâce au Geiq.

L’histoire avec le Geiq n’est donc pas nouvelle pour votre entreprise. Par rapport aux valeurs de votre entreprise, pourquoi y a-t-il eu cette envie d’accompagner des personnes dans leurs difficultés professionnelles ?

Déjà, ECCS, c’est une SCOP, une coopérative ouvrière. Il y a donc un lien social qui est différent des entreprises « normales ». Nous cherchons à faire évoluer notre personnel pour qu'il y trouve un bien-être professionnel. J'en suis un exemple… Nous y apportons une part sociale importante. Nous avons les mêmes besoins en ressources humaines que les autres sociétés et trouver ce personnel, c’est vraiment la difficulté du monde de l’entreprise. Nous croyons en l’efficacité du Geiq pour nous aider dans ces démarches. Le Geiq simplifie tout : documents, formations… La personne est salariée par le Geiq et les premiers contacts se font avec le Geiq qui s’occupe de tout, y compris les bulletins de salaire.

Combien y a-t-il de métiers différents dans votre entreprise ?

Pour prendre l’exemple de l'électricité, c’est assez vaste ! Entre l’ouvrier qui fait les banches – c’est-à-dire les murs en béton dans lesquels on incorpore les tubes et les boîtes d’appareillages – et l’ouvrier qui travaille sur une maison individuelle, ce ne sont ni les mêmes qualifications ni le même savoir-faire. Ce sont autant de métiers différents. Même si cela reste de l’électricité, ce ne sont pas les mêmes méthodes. Nous allons plutôt parler de différences entre petits et gros chantiers : chaque secteur a ses spécialités et nous avons des spécialistes pour chacun de ces secteurs.

Le dispositif de formation est donc assez conséquent dans votre entreprise...

Oui, nous avons un service Ressources humaines qui s'occupe de toute cette partie-là et qui envoie régulièrement les salariés en formation, notamment au sujet des habilitations, de toutes les notions de normes, puisque nous sommes dans un secteur d’activité qui est très normé et où il faut être constamment à jour de leurs applications.

Quelqu’un qui arrive chez vous en alternance par le biais du Geiq peut-il rester et évoluer dans l’entreprise ?

Tout à fait ! Et c’est le cas. Nous avons des salariés qui sont venus par l’intermédiaire du Geiq et qui, en progressant, deviennent responsables de chantier. Parmi ceux qui sont venus dans notre entreprise par le biais du Geiq, nous avons eu plusieurs cas de figure, comme des demandeurs d’emploi de longue durée. L’un des derniers que j’ai fait rentrer dans l’entreprise est d’ailleurs un cas atypique : Alexandre, un père de famille âgé de 27 ans qui était prothésiste dentaire de métier et qui ne voulait plus faire ce métier-là. Il a été courageux puisqu'il a cherché à travailler en intérim comme cariste, dans différents emplois, notamment dans des supermarchés locaux. Il n’avait rien de concret pour construire sa vie et je l’ai pris en main. J’ai appelé le Geiq pour lui et il s’est occupé de lui ! Aujourd’hui, Alexandre a un avenir dans l’entreprise. Il est  volontaire, travailleur, il apportera sa pierre à l’édifice. Je suis certain qu’avec ses capacités et son intelligence, il aura la possibilité d’évoluer très rapidement.

Combien de salariés en alternance sont passés par votre entreprise dans le cadre du dispositif Geiq ?

Au total, 14 personnes sont passées dans notre entreprise, avec des résultats différents mais tous en sont sortis avec une qualification. Même s’ils ne restent pas dans l'entreprise, l’objectif est qu’ils terminent leur alternance avec une qualification en poche.

Le Geiq, est-ce du sur-mesure en fonction de chaque personnalité et de chaque personne ?

Exactement, le dispositif s’adapte à chacun et permet un réel suivi pour l’accompagnement social de chaque personne. La personne qui en bénéficie peut trouver un foyer, être aidée dans ses démarches administratives… Aujourd’hui, nous avons aussi de jeunes migrants qui arrivent sur le marché du travail. Ils sont très volontaires et ont vraiment des capacités. Ils ont une volonté d’apprendre qui est importante. Le Geiq permet de mettre en place un système pour les aider à intégrer les entreprises. Car nous sommes constamment en recherche de personnel et par les voies de recrutement classiques, nous n’arrivons pas à trouver assez de personnes pour notre entreprise. Ce sont autant de moyens de rentrer dans l’entreprise. En plus, en passant par le Geiq, nous n’avons pas de gestion administrative puisque c’est le Geiq qui gère l’intégralité des démarches.

Pour quels types de qualification est-ce difficile de recruter par exemple ?

Par exemple pour des CAP en électricité ou en plomberie : aujourd’hui, sur le marché du travail, on ne trouve personne ! Le Geiq est une source dans laquelle on peut aller puiser et trouver des personnes volontaires, des gens qui veulent s’en sortir et qui sont travailleurs. Cela ne marche pas à tous les coups mais c’est une bonne solution.

Il y a donc un suivi total pour le travail mais aussi un accompagnement pour le logement, les démarches sociales, voire même pour stabiliser la situation de la personne si cela est nécessaire...

Le Geiq a cette capacité, cette force sociale, d’apporter un soutien global à des personnes écartées du monde du travail pour leur permettre de s’en sortir. C’est du « gagnant gagnant » pour tout le monde.

Quel est le rôle du tuteur ?

Dans l’entreprise, le tuteur est au contact de l’alternant pour suivre sa formation au quotidien, pour lui enseigner son métier et être en mesure de répondre à chacun des responsables – au sein de l’entreprise et au sein du Geiq – sur l’avancement de sa formation et l’évolution de ses compétences.