Cet entretien a été réalisé dans le cadre de la troisième édition du magazine La plus belle façon d'embaucher.
Déjà en étroite collaboration depuis 2015, la Fédération Française des Geiq et Pôle emploi viennent de signer une convention afin de favoriser le développement des Geiq existants et l'implantation de nouveaux Geiq. L'objectif porté par l'État et la fédération est commun : augmenter les possibilités de parcours d’insertion en alternance et proposer des solutions concrètes de retour à l’emploi durable. Cela s'inscrit dans un contexte où la dynamique de diversification actuelle des Geiq ouvre vers de nouveaux secteurs, ce qui va permettre d’intéresser davantage de demandeurs d’emploi. Entretien avec Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi.
Vous avez signé une convention avec la Fédération Française des Geiq, quel est l’objectif de ce partenariat ?
Jean Bassères : Partenaire indispensable de Pôle emploi depuis 2015, je me félicite aujourd’hui de la signature de cette convention avec la Fédération Française des Geiq.
Avec 195 groupements d’employeurs, 314 implantations et 7405 entreprises adhérentes sur l’ensemble du territoire, les Geiq sont des acteurs majeurs dans le paysage de l’insertion professionnelle et de fait constituent pour Pôle emploi des partenaires incontournables avec qui nous agissons en proximité afin de proposer des solutions de retour à l’emploi durable.
La particularité d’un Geiq est qu’il est un « outil d’entreprises au service des entreprises » qui repère les besoins de main d’œuvre et accompagne à l’intégration durable dans l’emploi par le développement des compétences et l’accès à la qualification. Ce parcours d’alternance qui concilie le tryptique emploi – formation – accompagnement sécurise l’accès à l’emploi pérenne.
Au niveau territorial, les équipes de Pôle emploi et les Geiq agissent en coordination pour, ensemble, répondre aux besoins des entreprises et des publics en difficulté avec également une attention particulière sur l’insertion dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Nous agissons avec vous depuis 2015 en complémentarité et je remercie vivement tous les contributeurs de cette étroite collaboration.
Comment les Geiq et Pôle emploi travaillent-ils ensemble pour accompagner les entreprises face à leurs difficultés de recrutement ?
Jean Bassères : Les Geiq – de par leur statut spécifique de groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification – nous permettent de fluidifier les embauches dans les entreprises. Pôle emploi leur garantit l’accès à l’intégralité de son offre de service en appui au recrutement. Les besoins en main d’œuvre sont régulièrement transmis aux agences de Pôle emploi qui diffusent une offre d’emploi et proposent le poste aux demandeurs d’emplois répondant aux critères recherchés.
Si les candidatures présentées ne correspondent pas suffisamment au besoin de l’employeur, nous pouvons également activer des dispositifs visant à favoriser l’adéquation et l’intégration dans l’emploi (POE, AFPR).
Nous invitons également régulièrement les Geiq à venir rencontrer les demandeurs d’emplois pour les informer des métiers et des services qu’ils proposent. Depuis le début de l’année, 211 manifestations intitulées « #TousMobilisés » dont 102 visant des opérations de recrutement ont été organisées à travers toute la France avec la participation des Geiq.
Comment pourrait-on aller plus loin ?
Jean Bassères : C’est tout l’objet de cette convention : renforcer notre collaboration au niveau local pour anticiper les besoins en recrutement.
Les difficultés de recrutement sont souvent associées à certains domaines professionnels. La dynamique de diversification actuelle des Geiq qui ouvre vers de nouveaux secteurs va permettre d’intéresser davantage de demandeurs d’emploi.
Par exemple, nous travaillons actuellement en collaboration avec la Fédération Française des Geiq dans la perspective des futurs besoins en recrutement dans les métiers du sport notamment en lien avec l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024.
De plus, les Geiq, comme Pôle emploi, sont de véritables observatoires du marché de l’emploi. Le renforcement de notre collaboration dans les territoires améliore notre capacité à anticiper les besoins en recrutement. Les Geiq constituent de facto une porte d’entrée dans la gestion prévisionnelle des emplois et carrières de l’entreprise. Cette visibilité nous aide à mieux identifier les secteurs porteurs et les dynamiques du marché. Renforcer le partage et l’analyse de ces indicateurs nous permet d’orienter et d’accompagner efficacement les demandeurs d’emploi dans leurs démarches de formation et de recherche d’emploi.
Enfin, l’objectif porté par l’Etat et la fédération, notamment introduit par le pacte d’ambition pour l’IAE en 2019, est de favoriser le développement des Geiq existants et de nouveaux Geiq afin d’augmenter les possibilités de parcours d’insertion en alternance au sein de ces structures. Ceci représente une réelle opportunité pour les demandeurs d’emploi de retrouver du travail dans les meilleures conditions. Nous accentuons notre mobilisation dans les territoires pour accompagner cet effort au profit des personnes les plus en difficulté.
Quels sont les atouts et les enjeux de l’alternance pour les personnes en recherche d’emploi, notamment celles en insertion ?
Jean Bassères : Pôle emploi s’est très tôt engagé sur le sujet de l’alternance qui a largement démontré sa pertinence en termes d’acquisition de compétences mais aussi en termes d’insertion durable sur le marché du travail. L’atout majeur de l’alternance réside dans la confrontation à la réalité de l’environnement professionnel et offre la possibilité d’être rapidement opérationnel.
C’est un dispositif qui se prête tout particulièrement à l’accompagnement vers l’emploi des publics prioritaires grâce à son agilité qui facilite la mise en œuvre d’actions sur mesure et permet une adaptation progressive au monde du travail. Ces moyens ciblés, les plus individualisés possibles, créent un espace de transition pour renouer des liens et tisser une capacité à se projeter avec confiance. Les rôles et places des Geiq sont ici déterminants pour plusieurs raisons : en qualité d’employeur, ils réalisent une médiation en prise avec les besoins de l’entreprise et enclenchent les relais utiles entre les acteurs de la formation pour garantir une fluidité du parcours. Ils assurent également un suivi qui intègre les difficultés d’ordre social rencontrées par le salarié.
Si les bénéfices de l’alternance ne sont plus à prouver en matière d’acquisition et d’ancrage de la compétence, le principal frein à son recours réside dans la difficulté de trouver une entreprise accueillante. Toutefois, la spécificité des Geiq garantit la formation et l’emploi support auprès de ses structures adhérentes, qui embaucheront plus facilement à l’issue car elles sont à l’initiative de la démarche. D’autre part, il n’est pas nécessaire d’être titulaire d’un diplôme ou de justifier d’une expérience professionnelle particulière pour commencer un parcours, il faut surtout de la motivation et de l’assiduité pour apprendre les rouages du futur métier. Pour finir, en élargissant l’accès à des secteurs d’activité de plus en plus diversifiés, la Fédération Française des Geiq accroît aussi les potentialités en lien avec l’évolution du marché et des besoins en qualification relatifs.