Imran, réfugié afghan qui a une volonté de fer et de… bien faire

Affleurant la trentaine, le jeune homme est arrivé en France en 2019, à l’issue d’un long et périlleux périple à travers l’Europe. Après quelques années de galère, il parvient à obtenir le statut de réfugié et rencontre le Geiq Propreté Rhône-Alpes qui, au vu de sa détermination, lui fait signer un contrat d'alternance. C'est au sein de l’entreprise de nettoyage MS 42, pilier historique de ce Geiq, qu'il se forme et se qualifie en tant qu’agent d’entretien. Imran a su saisir les opportunités qui se présentaient à lui.

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Pudique, Imran ne dira pas grand-chose de son périple qui l’a conduit d’un Afghanistan conquis par des religieux musulmans extrémistes jusqu’au territoire français. Des milliers de kilomètres parcourus, en quelques mois, à travers toute l’Europe, par différents moyens de locomotion, selon les circonstances, mais la plupart du temps à pied, selon ses dires. « Je suis notamment passé par la Grèce, pour ensuite arriver en Italie, et enfin en France. C’était le 20 mai 2019, je m’en souviens bien. D’abord Marseille, puis Paris, Chambéry et Lyon », expose-t-il sereinement. Il bouge en France selon les quelques vagues connaissances qu’il a, déposant dès son arrivée un permis de séjour provisoire ès qualité de réfugié politique. « Entre ma demande d’asile et l’obtention d’un permis de résidence en France pour une durée de 10 ans, il a fallu presque trois ans, période durant laquelle je ne pouvais évidemment pas travailler, n’ayant pas les papiers nécessaires, alors que je ne demandais que ça. Il faut savoir être patient », commente-t-il sobrement, esquissant un petit sourire

Le fameux sésame est délivré le 14 février 2022. Dès lors, Imran se met en chasse d’un travail, voire d’une formation. Orienté par son assistante sociale, il trouve les deux lors d’une réunion d’information collective sur l’action HOPE organisée à l’AFPA de Saint-Priest. Piloté et soutenu par l’État, le programme HOPE (Hébergement Orientation Parcours vers l’Emploi) permet aux personnes reconnues réfugiées, de suivre un programme de formation linguistique intensif suivi d’une formation à un métier, tout en bénéficiant d’un accompagnement global. Imran rencontre alors le Geiq Propreté Rhône-Alpes qui, évoluant dans un secteur d’activité en très forte tension, est constamment en plein recrutement. Imran intègre le dispositif HOPE : il réalise ainsi une POEC (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective) et une formation en français, puis signe un contrat de professionnalisation en alternance avec le Geiq, lui permettant d’assurer une intégration progressive et d’être formé au plus près des postes à pourvoir. « L’urgence était avant tout qu’il apprenne notre langue, sans quoi rien ne pourrait être possible », commentent Émilien Durand, chargé de mission RH au sein du Geiq Propreté Rhône-Alpes, et Olivier Erba, dirigeant de l’agence MS 42 où Imran est mis à disposition pour son alternance. Une nouvelle vie très active pour ce jeune afghan, d’autant qu’il indique n’avoir jamais été scolarisé dans son pays natal, où il travaillait dans le bâtiment… On mesure d’autant plus les multiples écueils, qu’il a su franchir grâce à sa volonté de fer.

« Rien n’est évident pour lui. Il faut vraiment en vouloir. Il y a une grosse implication à la fois du salarié mais aussi de l’entreprise accueillante pour aboutir », insiste Émilien Durand, le tuteur d’Imran. Vivant dans une grande métropole, sans permis de conduire, toujours hébergé en foyer AFPA loin de son lieu de travail, Imran a appris à se débrouiller en utilisant les transports en commun (au début, sans pouvoir lire les trajets et dessertes…) et, pour ne pas être en retard à l’embauche très matinale du lundi, il part dès le dimanche soir pour se rapprocher. S’il était besoin de montrer sa volonté, voilà une démarche qui l’illustre parfaitement. Olivier Erba ajoute : « Évidemment, au début, il y avait une certaine appréhension car nos équipes travaillent en binômes. Et il y avait la barrière de la langue. Mais finalement, tout s’est bien passé, il existe d’autres moyens de se comprendre ! Quitte parfois à passer d’un binôme à un trinôme. Ses deux collègues disent d’Imran que c’est la meilleure recrue depuis plusieurs années. » Une consécration. D’autant que la société MS 42 a des points de référence, ayant déjà intégré dans son personnel (150 employés, soit 60 ETP) des salariés issus du Geiq, dont certains sont aujourd’hui chefs d’équipe.

Jusqu’en juin 2023, Imran aura suivi 450 heures de formation, sur 9 mois, tout en travaillant, peaufinant son apprentissage de la langue française qu’il maîtrise désormais suffisamment pour, par exemple, avoir pu répondre à nos questions lors de cette interview. Bien entouré à la fois par le Geiq et la société MS 42, il a su trouver sa place professionnelle dans un premier temps, nettoyant et entretenant les bureaux d’une quinzaine d’immeubles entre 7 et 14 heures. Toutes les parties prenantes en sortent ainsi gagnantes !

Un Geiq historique

Si la France compte dix Geiq Propreté, soit 478 entreprises adhérentes, celui de Rhône-Alpes est un des historiques du mouvement, puisque né d’une fusion de quatre agences implantées en région depuis une vingtaine d’années et très impliqué dans les évolutions des métiers de la propreté, aussi bien concernant les aspects techniques que ceux des avancées sociales. Fort de quelque 60 entreprises adhérentes, ce Geiq est implanté à Lyon, Saint-Étienne, Grenoble et Annecy, gérant au total plus d’une centaine de contrats d’alternance chaque année.