« Les clauses d’insertion sociale des marchés de travaux sont une opportunité de qualifier ceux qui sont loin de l’emploi »

Floriane Livet est chargée de développement au Geiq BTP 42. Elle a accompagné Preng, d’origine albanaise, qui ne parlait pas français lorsqu’il est arrivé en France.

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Cette interview a été réalisée dans le cadre de la seconde édition du magazine La plus belle façon d'embaucher.


Grâce au Geiq, Preng a pu trouver un emploi dans les travaux publics et a pu se former via deux contrats de professionnalisation. Preng est ainsi devenu Agent Technique des Travaux Publics et il a obtenu le Titre Professionnel Maçon VRD (Voirie et Réseaux divers).

Quel était le parcours de Preng ?

Floriane Livet : Preng est un jeune père de famille albanais d’une trentaine d’années arrivé en France en 2016 après avoir été maçon-carreleur en Italie. Il ne parlait pas français. Il a alors entamé une procédure de régularisation avec l’Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (OFFI) qui s’étend sur 18 mois et en suivant tous les samedis des cours de langue. Il a obtenu son titre de séjour avec autorisation de travail en 2017 et a été immédiatement recruté en contrat d’insertion avec la Roannaise de l’Eau, partenaire du Geiq BTP 42, avec lequel elle a signé une convention en 2018. Nous avons rencontré Preng et il a été mis à disposition de l’entreprise adhérente Eurovia Dala via un dispositif d’insertion (SIAE, Structure d'Insertion par l'Activité
Économique).

En quoi le profil de Preng était-il intéressant ?

Preng avait de l’expérience dans le domaine de la maçonnerie dans son pays d’origine, l’Albanie. Arrivé en France, il a travaillé au sein de la SIAE Roannaise de l’eau où il occupait un poste d’agent d’entretien des espaces naturels. Il avait déjà l’habitude de travailler en extérieur. Il s’est très bien intégré au sein des équipes. Il a fait preuve de beaucoup de motivation et souhaitait se former en obtenant un diplôme reconnu en France. Il avait la volonté de découvrir le métier de Maçon VRD dans les travaux publics.

Comment s'est passée la rencontre entre l'entreprise et le Geiq ?

Nous avons mis en place une Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel (PMSMP). Après des débuts difficiles et des réticences de certains encadrants, compte tenu de son faible niveau en français, Preng les a convaincus par sa pugnacité, son sérieux au travail et sa volonté d’apprendre et de progresser. Très investi dans ses missions, son tuteur l’a pris sous son aile et l’a beaucoup aidé. Il lui a confié de plus en plus de tâches en autonomie.

La clause sociale peut-elle être un outil d'insertion ?

L’entreprise venait d’être attributaire de nombreux marchés publics avec clauses sociales. Preng étant éligible à ce dispositif, nous nous sommes saisis de l’obligation pour mettre en place la mutualisation des heures via son contrat de professionnalisation. Ainsi, l’entreprise fidélise le salarié qui se qualifie grâce à la formation en alternance. L’accompagnement socio-professionnel apporté par le Geiq reste un atout majeur pour l’entreprise. Preng a ainsi également pu obtenir son permis de conduire B.

En quoi l’histoire de Preng est-elle marquante ?

L’histoire de Preng est intéressante parce qu’il a démontré que les clauses d’insertion sociale des marchés de travaux – qui sont parfois vécues comme une contrainte lourde par les entreprises – constituent une véritable opportunité de qualifier et de fidéliser ceux qui sont loin de l’emploi. Ces clauses obligatoires deviennent alors d’excellents outils de recrutement grâce à la médiation et à l’accompagnement assurés par le Geiq. Le deuxième contrat de professionnalisation de Preng a pris fin le 31 juillet 2020 avec la validation du titre professionnel Maçon VRD. L’entreprise a alors proposé à Preng une embauche directe et il a signé un contrat CDI le 31 août 2020. Et ce, malgré la crise sanitaire et la conjoncture économique difficile.

La crise sanitaire a-t-elle impacté l'accompagnement de Preng ?

Pendant le premier confinement, on a vécu un arrêt total des chantiers. Mais la mise en place d’une continuité pédagogique avec l’organisme de formation a permis de garder le salarié dans une certaine dynamique. Il a fallu s’adapter et s’assurer que Preng soit bien muni des outils informatiques nécessaires. Malgré la barrière de la langue française, Preng a, une fois de plus, démontré une excellente capacité d’adaptation.