« Quand on intègre le Geiq, on sait où l’on va et comment on y va »

Céline Vio a intégré le Geiq AMS (Accompagnement Maintien et Service à domicile) situé près de Lyon, suite à une annonce publiée par Pôle Emploi. Depuis, elle suit une formation d’Accompagnement Éducatif et Social (AES) pour obtenir, au bout de seize mois, un diplôme d’État.

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Cette interview a été réalisée dans le cadre de la seconde édition du magazine La plus belle façon d'embaucher.


Vécu de l’intérieur, Céline Vio raconte le parcoursd’une personne salariée en alternance et de l’accompagnement personnalisé dont elle bénéficie, en lien avec le Geiq, le centre de formation et l’association où elle travaille : l’ADMR Ouest Métropole à Craponne, dans le département du Rhône.

Pouvez-vous vous présenter ?

Céline Vio : J’ai 43 ans. J’ai eu une période de chômage assez longue et je souhaitais me reconvertir sur le plan professionnel. J’étais en recherche par le biais de Pôle Emploi et j’ai trouvé mon bonheur il y a huit mois maintenant, depuis que j’ai intégré le Geiq.

Quel est votre parcours ?

J’ai arrêté l’école au collège en 4ème puis j’ai passé un CAP Vente à 16 ans. Je ne savais pas trop quoi faire à l’époque… J’ai travaillé notamment dans des magasins de prêt-à-porter. Je suis restée dans le secteur du commerce jusque dans les années 2000. Puis, suite à un déménagement dans le secteur des Monts du Lyonnais, j’ai cherché un travail dans la grande distribution. Le secteur était assez fermé, alors j’ai tenté ma chance en déposant des CV un peu partout, y compris dans un EHPAD pour être agent de service et faire des ménages. Et j’ai été prise ! J’ai appris le métier sur le terrain et cela a été une révélation. Je me suis rendu compte que le service à la personne était vraiment quelque chose qui me correspondait et que j’aimais énormément ce métier.

Comment s'est passée votre rencontre avec le Geiq ?

J’ai travaillé dans cet EHPAD durant huit ans en tant qu’agent de soins puis j’ai eu quelques soucis de santé, un accident du travail au niveau de l’épaule. J’ai dû arrêter ce métier devenu beaucoup trop physique. J’ai donc eu une période de chômage très longue. J’étais inscrite à Pôle Emploi, je regardais les annonces et, un jour, je suis tombée sur une offre d’emploi qui parlait d’un contrat de professionnalisation en tant qu’AES. Je ne savais même pas ce que cela voulait dire ! J’ai cherché et quand j’ai vu que c’était « Accompagnement Éducatif et Social », j’ai regardé les différentes tâches de ce métier et j’ai pensé que cela pouvait me correspondre. J’ai envoyé mon CV et ma lettre de motivation au Geiq qui m’a tout de suite contacté pour un entretien qui s’est très bien passé. Les personnes étaient très à l’écoute. J’ai expliqué mon parcours professionnel et ma difficulté au niveau de mes soucis de santé. Ils étaient très ouverts et ne se sont pas du tout fermés par rapport à ça alors que cela aurait pu être le cas… Ils m’ont donc proposé la formation.

Comment cela se passe-t-il ? Le dossier est accepté par le Geiq et, ensuite, il faut trouver un employeur pour faire l'alternance ?

Je ne me suis occupé de rien du tout, c’est le Geiq qui a tout géré ! Dès que le contrat a été signé, le Geiq se charge de trouver l’entreprise ou plutôt le lieu de l'alternance. Le Geiq m’a proposé une association d’aide à domicile qui se trouve près de chez moi et je n'ai eu aucune démarche à effectuer. Puis j’ai eu mon entretien dans cette association, pour qu’ils acceptent ou non la formation. Cela s’est fait très rapidement et simplement. Mon seul souci était de connaître la date de début de mon contrat pour savoir quel jour ce nouveau projet professionnel allait démarrer. C’est dire à quel point le Geiq gère vraiment tout… Ensuite, nous avons eu une réunion d’information avec le Geiq qui nous explique tout le parcours du contrat de professionnalisation au niveau de l’alternance : centre de formation, lieu de stage, rôle du Geiq… Tout était très clair, très bien expliqué. Quand on intègre le Geiq, on sait où l’on va et comment on y va. C’est très rassurant, surtout pour une reconversion à plus de 40 ans ! [Rires]

Combien de temps la formation a-t-elle duré dans votre cas ?

La formation dure seize mois. Nous avons des cours deux jours par semaine, hors vacances scolaires. Pendant les vacances, nous sommes sur notre lieu de stage. Tous les jeudis et vendredis, nous sommes au centre de formation, en cours de 9 h à 17 h.

Ce n’est pas trop dur de retourner en cours ? [Sourire]

Non ! Mais, au début, cela fait une drôle d’impression de se retrouver assise sur une chaise ! [Rires] Mais blague à part, nous avons vraiment de la chance car les formateurs sont vraiment bien. Ils arrivent à nous captiver, ce qui n’est pas évident au bout de tant d’années passées en dehors de l’école. Les formateurs sont essentiels au bon déroulement de la formation.

Combien êtes-vous dans cette formation ?

On est peu, nous sommes dix pour la formation d’AES.

Pouvez-vous nous expliquer ce que recouvre ce terme ?

Accompagnement Éducatif et Social, c’est une fusion de deux diplômes existants : le diplôme d'Auxiliaire de Vie et le diplôme d’Aide Médico-Psychologique (AMP). Ce nouveau diplôme, AES, a été créé en 2017. Il s’agit de s’occuper de personnes en difficultés, âgées ou en situation de handicap, également auprès des enfants, des familles...

Concrètement, qu'entendez-vous par le mot « aide » ?

Il s’agit d’aider dans tous les actes de la vie quotidienne : au niveau des soins corporels, de l’hygiène, de l’entretien de la maison, des courses… C’est aussi une aide pour tout ce qui est administratif.

Vos précédents soucis de santé ne vous posent-ils pas de problème ?

Dans ce contexte professionnel, les personnes sont physiquement plus vaillantes que dans les EHPAD. Je n’ai pas de difficultés physiques à proprement parler. En tout cas, pas pour le moment et pourvu que cela dure ainsi ! Le Geiq connaissait ma situation et j’ai eu l'opportunité d’avoir un contrat de 30 heures, au lieu de 35 heures par semaine, pour tester et voir si j’y arrivais. J’ai trouvé que c’était une très bonne chose.

C’est du sur-mesure !

Oui, on peut dire ça !

Dans la formation, quelles sont les différentes matières enseignées ?

Elles sont nombreuses ! Par exemple, nous avons des cours sur la mobilité et les transferts, l'aide à la toilette, les pathologies, les différents handicaps (moteurs et mentaux), les lois ou encore la déontologie et encore beaucoup d'autres sujets. C’est une formation très complète, très chargée aussi. Il y a beaucoup de choses à apprendre pour exercer ce métier au mieux. Le principe des Geiq est d’insérer des personnes dans l’emploi en les accompagnant.

Comment se passe le tutorat là où vous faites votre alternance ?

Je travaille pour l’ADMR Ouest Métropole |ndlr : Aide à domicile en milieu rural] à Craponne, situé près de chez moi, dans le département du Rhône. J’ai deux tutrices diplômées car ce n’est pas évident d’être tout le temps avec une seule tutrice au niveau du planning. Le fait que j'ai de l’expérience dans ce domaine m’a permis d’être libérée plus facilement. Mais elles sont toujours présentes en cas de problème, pour nous aider dans nos dossiers ou, par exemple, lorsque l’on a des épreuves orales. Les tutrices sont supers au niveau de l’accompagnement et elles prennent leur rôle à coeur.

Quoiqu’il arrive, vous n’êtes jamais seule ?

Si, si, ça arrive ! Dans les interventions, je ne suis pas tout le temps accompagnée par un tuteur. Et puis pour apprendre, il faut savoir aussi faire sa propre expérience. D’autant plus que nous sommes encadrés de très près. Des coups de téléphone sont fréquemment donnés aux usagers pour savoir comment l’intervention s’est passée. Même s’il peut se faire de plus loin, le suivi reste donc très proche. Et s’il y a des soucis, le tuteur est davantage présent.

D’autant plus que votre travail n’a pas été interrompu par la crise sanitaire, les interventions à domicile sont toujours nécessaires...

Exactement. Notre secteur d’activité n’a pas été touché par la crise sanitaire.

Comment se termine la formation ? Par un diplôme ? Un examen ?

Les deux. La formation se termine par un examen final permettant d'obtenir un diplôme d'État d'AES. Nous avons quatre modules à valider tout au long des seize mois avec, à la fin, une épreuve validant le diplôme d’AES avec des notes issues de ce contrôle continu. C’est un diplôme validé par l’État, donc à vie, valable partout pour la suite et reconnu par tout le monde. Il y a deux mois, nous avons déjà eu une épreuve orale notée où nous avons dû faire un dossier. Cela permet de se lancer tout de suite dans la formation en validant des notes, ce qui est plutôt encourageant. Car, parfois, on peut douter de nos capacités et quand on passe une épreuve et que l’on voit que l’on a réussi, c'est motivant pour la suite et on se dit que l’on va y arriver. Avec ce diplôme, on peut travailler où l’on veut : à domicile, dans des structures et aussi dans les écoles.

Souhaitez-vous rester dans l’association où vous travaillez actuellement ou allez-vous chercher autre chose ? Le spectre d’employeurs est assez large...

Il y a énormément d’associations qui oeuvrent dans ce secteur d’activité. Pour l’instant, cela se passe très bien pour moi à l’ADMR où je suis. Donc oui, pourquoi pas rester, si les responsables me le proposent.

S’investir pendant seize mois dans une formation sans être rémunéré, ce serait compliqué…

Cela serait impossible ! Sans revenu, avec une jeune ado de 14 ans, je ne m’en sortirais pas. Là, je n’ai déboursé aucun euro pour accéder à cette formation en alternance. Elle est entièrement prise en charge, ce qui n’est pas le cas de toutes les formations…

Vous n’êtes que dix dans l’effectif de la formation. À force de se fréquenter, y a-t-il des liens qui se tissent entre vous ?

Oui ! Nous sommes un groupe très soudé, nous nous entendons tous très bien. Nous formons une équipe solidaire. Je dis « équipe » parce qu’à mes yeux, c’est vraiment ce que nous sommes. Dès le début, nous avons même créé un groupe WhatsApp rassemblant toutes les personnes de la formation. Nous communiquons régulièrement, notamment lorsque nous avons une épreuve ou des questionnements. Le fait de former une équipe très soudée est aussi très important pour la réussite de la formation.

Si vous deviez conseiller à quelqu’un de passer par le Geiq, qu’est ce que vous lui diriez ?

Allez-y, foncez ! Il faut savoir se lancer même si l’on peut avoir des appréhensions. Nous sommes vraiment soutenus, que ce soit au niveau du Geiq, du centre de formation, de l’association… Il y a aussi un accompagnement psychologique. Si des difficultés surviennent, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle, nous avons toujours une oreille attentive. Et ça, honnêtement, c’est très important. Tout le monde est disponible, ouvert, à l’écoute, très attentionné. Je dirais même que nous sommes bichonnés. On sent que tout le monde a envie que l’on réussisse et ce, dans les meilleures conditions possibles.